En direct de Hong Kong: réflexions sur le renouveau de la démocratie

巴黎高等社會科學院在二零一五年慶祝四十週年校慶之際,舉辦一系列名為“異地社會科學”的圓桌討論,通過視頻會議與世界各地名校對話,希望通過這一連串的討論,將社會科學的實踐“去中央化”,並且與當下各地的多元化社會科學溝通。這一次,法國現代中國研究中心和香港大學社會科學院將會在六月十七日展開與巴黎高等社會科學院的視頻對話。討論題目為新型社會運動和近日逐漸遍佈世界的佔領運動。兩地的著名社會科學家和社運人士都會參與討論,並交流研究成果。

As part of the EHESS' 40th anniversary, the cycle "The social sciences from afar" proposes a series of videoconferences with major foreign universities. This series aims at creating an "off center" vision for the practice of the social sciences and its social and political stakes, and to better understand how present research evolves around the world. In this framework, the French Centre for Research on Contemporary China (CEFC) at the University of Hong-Kong organises this 17th of June, from 0845 to 1100 (French time)/1445 to 1700 (Chinese time) an English-speaking roundtable, with topics focusing on the analysis of new forms of street protests which, for the past five years, have spread around the world, in particular favouring the occupation of city squares. Broadcast live, it will be an opportunity for an exchange with French researchers and the public at the EHESS. Sebastian Veg, director of the CEFC, and sociologist Isabelle Thireau will co-chair this debate, respectively from Hong-Kong and Paris. They answer our questions below.

Dans le cadre de l’anniversaire de l’École, le cycle « les SHS vues d’ailleurs » propose une série de visioconférences avec de grandes universités étrangères. Le but: décentrer le regard sur la pratique des sciences sociales et ses enjeux politiques et sociaux, et mieux comprendre comment la recherche évolue aujourd'hui à travers le monde. Dans ce cadre, le French Centre for Research on Contemporary China (CEFC) de l'université de Hong Kong organise le 17 juin prochain, de 8h45 à 11h (heure française)/ de 14h45 à 17h (heure chinoise), une table ronde, en anglais, autour des questions que posent aux sciences sociales l'analyse des nouvelles formes de protestation de rue qui, ces dernières années, ont essaimé à travers le monde, en privilégiant notamment l'occupation des places publiques. Retransmise en direct, elle donnera lieu à un échange avec des chercheurs français et le public réunis à l'EHESS. Sebastian Veg qui dirige le CEFC et animera le débat depuis Hong Kong, et la sociologue Isabelle Thireau qui animera le débat depuis Paris, nous précisent ici les ambitions et les enjeux de ce dialogue franco-chinois.

#occupyWS, indignés, printemps arabes, révolutions de couleur : voilà maintenant plusieurs années que ce type de mouvements mobilise l'attention des sciences sociales. Quelle sera la contribution de cette table-ronde « en direct de Hong Kong »? Qu’en attendez-vous ?

Notre table-ronde ne dure que deux heures. Nous espérons cependant que ce premier dialogue entre des chercheurs qui, à Hong Kong et en France, travaillent sur ces formes de mobilisation, fera surgir des contrastes et des rapprochements, tout en évoquant les attendus et les pratiques de la recherche ici et là. La façon dont chaque mobilisation se nourrit, ou pas, des images, des techniques et des idées des mouvements précédents, en dépit de la diversité des situations, sera également questionnée. Les participants à la table ronde se caractérisent non seulement par des aires géographiques de spécialisation différentes, mais également par une diversité d'approches disciplinaires. Les mouvements sociaux se situent en effet au cœur de pratiques qui touchent aussi bien à la sociologie des mobilisations, à l'étude comparée des systèmes politiques, ou à l'histoire intellectuelle et culturelle. De ce point de vue nous espérons que la table ronde pourra ouvrir également de nouvelles pistes méthodologiques.

Tous ces mouvements se sont déroulés dans des contextes politiques et économiques très différents. Pourtant, le programme de cette journée prend le parti de les inclure dans un même espace de réflexion : comment cette démarche se justifie-t-elle?

La dimension comparatiste faisant partie des exigences fondamentales des sciences sociales, un rapprochement entre spécialistes de différentes aires géographiques et culturelles s'avère généralement fécond. Dans le cas des mouvements sociaux récents, on constate à la fois des similarités évidentes, comme l'utilisation des réseaux sociaux pour mobiliser des "citoyens ordinaires", et des différences non moins évidentes dans les objectifs politiques affichés. Ils se sont de plus souvent déroulés dans des environnements politiques allant du régime autoritaire à la démocratie libérale, à des niveaux de développement socio-économique très différents. Toutefois, bon nombre de ces mouvements ont affiché des critiques comparables du capitalisme et la demande d'une démocratie plus substantielle. Nous formulons donc l'hypothèse d'un intérêt renouvelé pour les pratiques démocratiques, à différents niveaux d'institutionnalisation. Pour autant, la confrontation des situations, des processus, des mots et des langues utilisés, devrait permettre également d'identifier des dynamiques de singularisation ou des histoires parallèles. D'une façon plus générale, le geste de la comparaison est fondamental pour confronter les points de vue internes aux mouvements étudiés, souvent multiples et en transformation constante, et les points de vue scientifiques, qui passent par le détour d'un tiers. L'observation d'une même situation en d'autres lieux, à d'autres échelles invite ainsi à une interrogation sur les critères de pertinence d'une comparaison entre ces différents mouvements.

Ce thème résonne bien sûr avec la Révolte de Parapluies, qui a agité Hong-Kong l’année passée : comment ce mouvement s’est il traduit dans le milieu des sciences sociales hong-kongaises ?

On assiste depuis quelques années à Hong Kong à une plus grande porosité entre les sciences sociales et la vie démocratique. Ainsi, bon nombre d'universitaires ont participé à "l'université ambulante de la démocratie" pendant le mouvement, organisant des cours, débats, tables rondes avec les participants. Le mouvement a également suscité un renouveau d'intérêt pour Hong Kong comme objet de recherche, aux caractéristiques assurément très singulières, alors que dans la période coloniale et post-coloniale la question était soigneusement évitée et pouvait même parfois être un handicap à la carrière. Il convient sans doute aussi de souligner ici l'importance de Hong Kong, sur le plan à la fois politique et des sciences sociales. Ces dernières ont été bannies en Chine pendant près de trente ans, et c'est avec l'aide de chercheurs hongkongais que des premiers stages de deux mois en anthropologie ou en sociologie sont organisés en 1979. Depuis, des générations de jeunes chercheurs venus du continent ont été formés à Hong Kong et travaillent aujourd'hui dans les universités chinoises les plus prestigieuses. C'est également à Hong Kong que des spécialistes originaires des différents parties du monde chinois, y compris Taiwan, peuvent dialoguer avec le plus de facilité. Enfin, il n'est sans doute pas anodin qu'une personne comme Chan Kin-man, à la fois sociologue et l'un des principaux animateurs du mouvement des parapluies de 2014 à Hong Kong, et qui sera à ce titre présent à notre table-ronde, ait été également engagé depuis plus de dix ans dans la défense des organisations non-gouvernementales chinoises sur le continent.

Propos recueillis par  Floriane Zaslavsky

Découvrez le programme complet.

Fiche technique: « "Occupations", "Colour Revolutions", and "Springs": new dynamics in social movements? » • Une visioconférence retransmise en direct de l'université de Hong Kong, dans le cadre du cycle « Les SHS vues d’ailleurs » • mercredi 17 juin, de 8h45 à 11h (heure française)/ de 14h45 à 17h (heure chinoise) • Paris: EHESS. 190 Avenue de France. Salle du Conseil • Hong Kong: Social Sciences Chamber, 11/F Jockey Club Tower, Centennial Campus, Hong Kong University • Langue utilisée: l'anglais • Avec la participation, à Hong Kong, de Eliza Lee, Chan Kinman, Petula Sik Ying Ho, Sebastian Veg et David Palmer, et, à Paris, de Françoise Daucé, Cédric Terzi et Isabelle Thireau.

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